Les mortiers de maçonnerie d’autrefois façonnés dans notre belle région Provençale résultent d’une transmission ancestrale permettant d’effectuer des enduits à la chaux.
Utilisés depuis des millénaires, les badigeons et finitions à la chaux sont aujourd’hui remis à l’honneur en raison de leur capacité à laisser « respirer » les murs, de leur solidité et de la richesse de leurs rendus.
Véritable tradition du site de la France au même titre que le travail de la pierre sèche, les enduits et badigeons de chaux sont un véritable savoir-faire de notre région.
Ce mortier dont la recette n’est pourtant pas tenue secrète reflète les façades ensoleillées des bastides du Luberon. Il s’agit d’une façon de décorer les murs qui existait déjà dans la Grèce antique (avec une application qui pouvaient aller jusqu’à 11 couches) et dans la Rome antique (7 couches). Elle a survécu sous une forme légèrement modifiée à ce jour puisque désormais seules 3 couches, différentes en termes de propriétés, peuvent suffire.
Experts dans le domaine, nous avons pour objectif de perpétuer cette application qui existe depuis l’Antiquité. L’enduit à la chaux et les badigeons de façade demeurant dans le Vaucluse sont réalisés dans la plus pure tradition. Ils s’intègrent parfaitement dans la rénovation d’une maison.
Quelles sont les propriétés des enduits faits à la chaux ?
Un badigeon de chaux peut être utilisé comme une finition de surface (enduit taloché) ou comme enduit de sous-couche monocouche. Dans ce dernier ouvrage, la matière sert de base robuste pour permettre à un revêtement d’avoir une tenue durable et parfaitement scellée.
Un tel enduit peut être appliqué naturellement ou avec un agrégat supplémentaire mais la teneur des supports doit toujours être sèche ou avec une humidité maximale de 3%.
Selon le type de méthode, le plâtrage est généralement réalisé en deux cycles qui demandent une haute technicité.
Dans le cas d’une rénovation ayant pour vocation une façade lisse, une troisième couche peut être ajoutée pour parfaire la surface. Cette stratification finale nécessite une épaisseur de 1 à 3 cm en fonction du rendu souhaité.
Ce processus artisanal en couches facilite le séchage des murs, protège contre l’humidité, améliore l’acoustique d’une pièce, possède de bonnes capacités thermiques et dispense d’excellents bons paramètres résistance et d’imperméabilité à la vapeur.
C’est d’ailleurs pour ces nombreux avantages que les badigeons de chaux sont autant plébiscités dans le Luberon, mais aussi au-delà de nos frontières.
La versatilité de la chaux lui permet de fonctionner en extérieur tout comme dans des pièces très humides, par exemple les salles de bains, les cuisines, les sous-sols et les garages. Sa perméabilité à la vapeur, sa flexibilité et sa coopération avec les petits travaux de construction, réduit également les possibilités de fissuration des murs finis.
De surcroît, ce type de mortier est biologique, durable et résistant à la corrosion. Son seul inconvénient demeure dans son temps de séchage qui est assez long (jusqu’à 30 jours).
Sur quels supports peut-on appliquer ce type de mortier ?
L’enduit à la chaux tel qu’on le prépare dans le Vaucluse peut être utilisé sur un support minéral, c’est-à-dire du béton, du béton d’argile expansée, du béton cellulaire, des briques, du silicate, des blocs de céramique, des panneaux de gravillons, des pierres calcaires ainsi que sur les surfaces de gypse.
Cependant, bien qu’il soit possible de l’utiliser dans de multiples contextes, il n’est pas recommandé de recouvrir des substrats en bois, en métal et en plastique avec un tel enduit.
La chaux ne pourra pas avoir une adhérence adéquate et un résultat optimal.
En revanche, l’une des fonctions fondamentales qui est la protection des substrats sur lesquels on le taloche, permet de lutter efficacement contre l’influence négative qui peuvent s’abattre sur les bâtiments.
Les enduits de chaux sont l’un des seuls liants à avoir un effet cicatrisant sur les microfissures qui peuvent apparaître au fil du temps sur des monuments classés, des vieilles bastides, d’anciennes églises ou tout simplement nos habitats Provençaux.
Ces dommages peuvent se manifester dans la pose initiale, par exemple à la suite d’une déformation du terrain ou d’un excès climatique mal géré par l’édifice. Si le mur est extrêmement fragilisé, une rénovation à la chaux va permettre non seulement de reconstruire la façade en gardant son âme ; mais aussi la traiter en permettant l’évacuation de l’eau et des sédiments présents dans le support. C’est dans ce contexte que nous avons décidé d’approfondir notre expertise dans le domaine de la maçonnerie d’antan car la chaux joue un rôle extrêmement important dans la conservation de notre patrimoine local.
Comment s’applique de la chaux sur un mur ?
La réalisation ou la rénovation d’une façade avec ce mortier peut être effectuée uniquement lorsque la base est complètement sèche. L’application manuelle se fait de plus en plus rare car la diffusion de la chaux à la machine est plus efficace et plus rapide sur des projets d’envergure.
Cependant, il est très fréquent de travailler de façon artisanale pour conserver les facettes traditionnelles et étincelantes qui font la réputation de notre belle Provence.
- Les travaux commencent par un décaissage et un terrassement ou un polissage des pierres présentes pour les rendre suffisamment poreuses. Cette tâche permet de s’assurer d’une bonne adhérence de la future première couche d’enduit. Après cela, il faut laisser sécher le sol ou la cloison environ 48 heures jusqu’à ce que le plan soit complètement sec.
- Nous sélectionnons ensuite la densité de mortier appropriée, guidés par l’épaisseur de la couche de plâtre appliquée et l’inégalité des murs à rénover. L’épaisseur moyenne de l’enduit par couche est de 15 mm. Ce qui permet d’avoir un nivellement uniforme par la suite.
- L’étape suivante consiste à vérifier la régularité et la structure des angles de façon horizontale et verticale. On procède de cette manière avec un niveau à bulle pour confirmer l’implantation préalable et le suivi exact des cordeaux.
- Enfin, nous procédons au traitement final avec une truelle trapézoïdale permettant de combler l’ensemble des interstices. Cette opération doit être effectuée avant que le matériau ne soit complètement sec. Généralement, on réalise ce phase une semaine après l’application des premières couches pour obtenir une surface uniforme qui donne l’allure du revêtement final.
Comment lisser et faire sécher un badigeon réalisé avec de la chaux ?
Une fois que l’ornement est posé, on suppose que l’enduit de chaux obtient sa pleine résistance après environ 28-30 jours. Les conditions hygrothermiques, l’épaisseur de la couche de mortier, le type de support, la consistance et les propriétés physiques sont des facteurs essentiels à sa consolidation. Après une semaine, l’enduit obtient déjà pratiquement 70% de sa résistance finale.
Pendant tout le processus de séchage, nous, Artisans du Patrimoine Vivant (sous le label EPV), veillons à ce que la pose prenne la meilleure tournure qui soit. Il est possible qu’en fonction de certaines sécheresses estivales, le mortier nécessite un peu plus d’eau pour durcir et conférer à l’ouvrage un équilibre minéral.
Lors d’une application en intérieur, pendant les premiers jours de séchage, il est recommandé de maintenir une humidité de l’air accrue dans les pièces. Toutefois, il est également pertinent de ventiler les espaces pour éliminer l’excès d’humidité dégagé dans l’environnement.
Si le badigeon est fait avec soin, un lissage supplémentaire n’est pas nécessaire. Cela dépend aussi des préférences finales souhaitées par le client.
Si la chape n’est pas plane, elle peut être nivelée par frottement, manuel ou mécanique. Selon le lissé de surface requis, une taloche en polyuréthane, en polystyrène,en éponge ou en feutre peuvent être utilisées. Cet art de la maçonnerie à la chaux réalisée à la main permet ainsi d’offrir à chaque bâtiment une création entièrement personnalisée, et donc unique.
