Mur en pierre sèche – Comment le restaurer en conservant son âme ?

Un mur en pierre sèche repose presque entièrement sur la gravité et la technicité mise en place pour obtenir un soutènement permanent sans l’ajout de liant. Ce travail minutieux est nécessaire pour construire des surfaces viables et obtenir un aspect naturellement authentique comme on peut encore le contempler dans notre belle région qu’est la Provence.

À Gordes par exemple, de somptueux murs secs offrent un spectacle ancestral des plus saisissants. Sur les sites classés et préservés, on peut encore observer des remparts en pierres posées qui ont été construits jadis autour des bories. Ces cloisons naturelles montées à la main avec dextérité permettaient de protéger le bétail des attaques de loup et de délimiter des lopins de terre. 

En raison de nos plateaux calcaires, la construction et la rénovation de ces monuments locaux sont encore possible. Pour conserver leur splendeur d’antan, il convient de sélectionner des pierres sèches taillées et posées à sec c’est-à-dire sans mortier.

Cette caractéristique n’est pas liée au hasard. Il s’agissait autrefois d’éviter d’utiliser l’eau, trop rare dans cet environnement minéral.

De nos jours, nous artisans muraillers, nous mettons un point d’honneur à perpétuer cette tradition de la maçonnerie sèche. Elle confère à notre Luberon tous ses paysages et ce savoir-faire transmis que beaucoup nous envient. Détenteurs d’une technique ancestrale de construction, nous vous dévoilons les secrets de la haute connaissance qu’il faut pour garder cette âme qui nous est chère.

Quelles sont les caractéristiques d’un mur de soutènement ?

Pour débuter la construction d’un mur en pierre sèche, l’ensemble du site doit être dégagé et aménagé en tenant compte de la gravité vers le bas et des problèmes de drainage sur le terrain lui-même.

Ce point essentiel est également une mise en abîme qu’il faut considérer dans le cadre d’une rénovation afin que l’ensemble des anciennes fondations soit consolidées durablement.

Par la suite, le mur de soutènement doit être vu sous plusieurs angles :

  • La longueur du mur
  • Son épaisseur
  • Sa hauteur
  • Ses détails (coins, soutien de voûte, ajouts de portail, etc.)

Une grande partie des travaux de restauration ou de conception consiste à assurer la stabilité de chacun de ces points.

La haute technicité non visible de la maçonnerie sèche permet d’éviter de partir sur une ligne droite et de se retrouver avec un mur étrangement incurvé qui finira par se dilapider.

Dans le cadre de la création d’un mur sec incurvé, on peut être amené à envisager le terrassement d’une tranchée qui retiendra la première rangée de pierres afin d’obtenir des fondations plus prospères.

Les caractéristiques majeures d’un mur en pierres sèches relèvent également de quelques règles de base : Premièrement, il y a une énorme différence entre la hauteur et la largeur des façades ; même les plus basses.

Alors que le socle d’un mur court doit être égal à sa hauteur ; tout ce qui dépasse 1 mètre nécessite 20 centimètres de largeur supplémentaires pour chaque trentaine de centimètre de hauteur complémentaire. Par conséquent, un mur de 1 mètre de haut a une base de 1 mètre ; mais un mur de 2 mètres de hauteur nécessite une base d’au moins 1,6 mètre. Ces paramètres doivent être calculés et adaptés en fonction des monuments et des structures à assembler.

Les murs en pierre sont attrayants parce qu’ils sont presque indestructibles : la moitié du travail des muraillers consiste à s’en soucier tout au long de l’ouvrage. Par exemple, plus le mur est haut, plus il doit être enterré profondément. Pour tout ce qui dépasse le niveau de la taille d’un homme, il faut s’assurer de creuser un fossé d’au moins 60 centimètres ou plus profond ; selon la ligne de gel de la région. Cela explique pourquoi le Vaucluse fait partie des régions Françaises ayant le mieux conservé ses édifices.

La formation de givre et de dégel fait glisser le mur sec de haut en bas par l’action de l’humidité qui passe à travers les interstices de la structure. Toutefois, avec la technique de scellement du mur de roche sèche dans le sol, ces problématiques sont bien souvent écartées. D’un autre côté, pour un mur plus bas, des fondations enterrées de 20 centimètres peuvent suffire ; la gravité fera le reste.

Le choix des pierres – L’étape incontournable d’un projet réussi

Pour constituer un mur en pierre sèche pérenne, la pierre locale doit être dure et plate comme de l’ardoise. Si possible, chaque pièce doit avoir des angles longs ; c’est-à-dire des surfaces planes.

Bien entendu, il faut que ces pierres aient naturellement ces formes pour plus de solidité et de durabilité une fois les travaux finis. Le pire choix est une roche ignée, qu’elle soit dans le sol ou dans l’eau, car sa formation crée des formes qui jouent contre la stabilité de l’échafaudage.

Dans le cadre d’un mur en pierres sèches avec des roches sédimentaires pressées par le temps et la gravité, sa configuration doit être préalablement étudiée afin de conserver une architecture esthétique mais surtout robuste comme pour la construction de calade.

La nature relativement plus douce des roches métamorphiques peut être également une option ; mais dans ce cas, la maçonnerie demandera potentiellement un liant pour que tout s’emboîte.

De plus, il faut savoir que les murs et les structures en grès et en calcaire (deux roches sédimentaires) est un duo qui peut faire durer des murs secs des milliers d’années !

Ensuite, il faut prendre en considération les conditions météorologiques locales pour que l’édifice prospère. Les vents violents d’une plaine poussiéreuse peuvent amoindrir les capacités du calcaire avec le temps ; tandis qu’un climat plus volatil, plein de gels et de dégels, fonctionne mieux avec des pierres tendres car il est moins susceptible d’abîmer craquer et changer la forme des minéraux.

De toute évidence, la plus grande partie de la construction d’un mur de soutènement consiste à prendre en compte ces forces et ces changements, et la prise en compte de ces facteurs commence dès la mise en place du projet.

Quelles sont les finitions d’un mur sec ?

Une fois l’enchevêtrement réalisé avec une sélection des pierres plates de petites,  moyennes ou grosses tailles, le mur sec prend rapidement des allures remarquables.

Pour les angles, les bords et les plateaux supérieurs, l’objectif final est de rechercher la plus grande uniformité physique possible. Les coins et les extrémités des pierres dites « de liaison » sont les plus importantes car elles sont les plus exposées et relient l’ensemble.

Elles doivent s’asseoir perpendiculairement au mur lui-même comme les autres pierres scellées entre elles tout en gardant les petits éléments internes au centre lorsqu’elles sont rangées.

Une cloison sans mortier revêt ainsi une importance particulière au niveau des raccords d’angle / d’extrémité car toute la structure est maintenue par des composants dépendants de la gravité.

Les pierres supérieures appelées « pierres de pignon » doivent généralement être aussi longues, plates et uniformes que possible. Elles demandent à être maintenues à un poids raisonnable pour ne pas affaisser l’ensemble du processus de construction.

Les charges minérales doivent toujours être égales sur le haut du mur.

En terminant, il convient aussi de noter que l’entretien est un facteur de durabilité de ce travail artisanal. Au fil du temps et selon la matière du terrain sur lequel est bâti le mur sec, de légers changements peuvent opérer. La mousse peut venir se nicher dans les crevasses des pierriers, mais la présence de lierre grimpant peut être néfaste à sa robustesse soulevant alors les pierres rangées.

Cependant, la gravité fonctionne plus lentement que nous ne pouvons le croire, ce qui signifie que cela peut prendre un certain temps avant que des problèmes ne surviennent sur un mur en pierre sèche construit par un artisan murailler expert dans le domaine.

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